Prix du spécisme 2023: le palmarès

Lancement de la cérémonie

Ils et elles ont démontré la mauvaise foi la plus spectaculaire, organisé l’événement dont on avait le moins besoin et fait preuve d’une créativité débordante pour repousser les limites du spécisme: les trophées du Prix du spécisme 2023 ont récompensé les meilleures «pépites» de discrimination des autres animaux.

Pour cette toute première édition, sur la centaine de «pépites» reçues par le public et récoltée par son équipe, notre équipe a effectué une sélection de 20 nominé·e·s réparti·e·s en 6 catégories, ainsi qu'un Prix du jury récompensant un projet exceptionnellement spéciste. Le public a voté et le palmarès a été dévoilé le 8 janvier 2024 à Lausanne.

Les trophées, telle «L'invitation à se taire» pour la citation la plus spéciste, ou le «malware» pour permettre au projet le plus nuisible de s'autodétruire, en passant par le bulletin de versement géant au montant incommensurable en faveur des victimes de l'insémination artificielle, ont été remis lors d'une cérémonie, qui a rassemblé des sympathisant·e·s et militant·e·s de la cause animale. Vous avez été 300 à voter en ligne pour établir ce palmarès.

Migros, via son enseigne viande Micarna et un de ses labels, est lauréate de pas moins de 3 prix sur 7. Acteur de premier plan dans l'élevage et l'abattage, le géant orange déploie aussi des moyens considérables pour tenter de nous faire croire à une vie en rose pour les millions d'animaux qu'il exploite. L’ironie, outil politique, permet de pointer l'étendue du système spéciste, qui opprime et tue des milliards d'animaux.

Nous collectons déjà les pépites pour l'année en cours, retrouvez le formulaire de contributions sur la page du Prix du spécisme 2024.

Ouverture et Prix #1 - Remise du Meilleur espoir:

Le Prix du Meilleur espoir a été décerné:

au nouvel abattoir Micarna à Saint-Aubin

Transcription du discours de présentation:

On commence avec une nomination locale, le projet de nouvel abattoir de Micarna à Saint-Aubin, à côté de Payerne dans le canton de Fribourg, qui devrait voir le jour en 2028. Pour qui ne connaît pas Micarna, il s’agit de la plus grande entreprise suisse de production de viande, de poisson et d'œufs – qui se vante d’ailleurs sans honte de l’être, ce qui est quand même assez audacieux. À leur place on se ferait bien bien discret, mais non, eux ils en font des communiqués de presse. Bravo Migros: une entreprise tellement nuisible qu’on se demande si au lieu de son surnom de Géant orange, il ne faudrait pas commencer à l’appeler… l’agent orange? Revenons-en à ce nouvel abattoir: l’idée est rien de moins que d’y tuer 40 millions de poulets par année, parce que pourquoi pas, après tout? On n’est pas numéro 1 en restant les bras croisés et en regardant les oiseaux voler. Afin de vous épargner le calcul, 40 millions de morts par an, ça représente quand même 110’000 individus par jour, ce qui fait la population des cantons d’Uri, Glaris et Obwald réunis. Chaque jour! Vu autrement, 40 millions, c’est autant que tous les soldats tués pendant toutes les guerres de tout le XXe siècle. Et ça, chaque année tranquillement derrière les murs d’un abattoir d’un petit village fribourgeois, accompagné d’un discours sur la durabilité du projet. Micarna nous dit que ce méga-abattoir s’étendra sur la superficie de 13 terrains de football. On se demande pourquoi ils ne construisent donc pas plutôt 13 terrains de football, a priori ça fait moins de victimes (enfin, sauf quand c’est au Qatar) et c’est quand même plus fun. Mais à voir comme ils semblent peiner à comprendre les buts d’une société en évolution, c’est vrai que leur équipe n’est pas prête de marquer des points.

Ce lauréat a reçu une clé USB contenant un malware, lui permettant ainsi de s’autodétruire.

Prix #2 - Présentation des nominations et du lauréat du Prix L'outil fantastique:

Le Prix de l'Outil fantastique a été décerné:

à la notion de bien-être de Micarna dans son abattoir de porcs

Transcription du discours de présentation:

Grâce à son travail exemplaire, Micarna, enseigne viande du groupe Migros, mérite ici une seconde nomination pour sa notion toute particulière du bien-être. C’est sûr que lorsque notre fond de commerce – notre raison d’être, même – repose sur la mort préméditée de plusieurs dizaines de millions d’individus sentients chaque année, il devient nécessaire de se légitimer au moins un peu. C’est là que Micarna sort la carte magique, en quelque sorte le joker de tous les acteurs de l’exploitation animale, le fameux «bien-être animal». Ah, si on s’occupe du «bien-être» des individus qu’on va égorger puis manger, alors ça va. On se demande si Jeffrey Dahmer, le célèbre tueur en série qui mangeait en partie ses victimes, avait pensé à cet argument pour sa défense au tribunal: «Voyons, madame la juge, j’accordais une grande attention au bien-être humain.» On a quand même un peu de peine à y croire, au bien-être selon Micarna, quand juste après est reconnu que les animaux vont devenir des «articles», c’est-à-dire mis sous cellophane, avec un code-barre et une date de péremption. Quand on va aux Bains de Lavey pour notre «bien-être» par exemple, il ne semble pas qu’après la séance de hammam on soit transformé en brosse à chiottes pour être vendu à la Migros, ou si? En tout cas c'est sûr, les 3’500 cochons qui sont tous les jours égorgés devant leurs congénères dans les abattoirs de Micarna ont pu bien profiter du requiem de Mozart ante-mortem dans une ambiance bar lounge avec lumière tamisée.

Le lauréat a reçu en guise de trophée une brosse à toilette, qui lui permettra d'apprendre à faire la différence entre un objet et un animal.

Prix #3 - Revivez en vidéo la remise du Facepalm d'Or:

Le Prix du Facepalm d'Or a été décerné:

à Ada Marra pour sa défense du foie gras au Parlement

Transcription du discours de présentation:

Pépite de discours en contexte politique, voici la prise de position de la parlementaire vaudoise socialiste Ada Marra lors de la session de septembre 2023. Pour rappel, le débat portait sur une motion demandant l’interdiction d’importation du foie gras, un produit qui ne peut pas se faire en Suisse parce que son mode de production contrevient de toute évidence à la loi sur la protection des animaux. «Pas de foie gras sans gavage, comme dit le slogan», et le gavage est une forme de torture pour les oiseaux. Mais ce produit est encore importé en Suisse: c’est quand même très fort de réussir à interdire une pratique, mais à la faire faire ailleurs, un petit bravo à la Confédération pour cette forme de… neutralité. Cela fait longtemps que les associations animalistes tentent de faire cesser cette importation, afin de mettre en cohérence la loi de protection et le marché. Ainsi voilà, cela semble être quelque chose de spécialement important pour madame Marra, de manger le foie malade d’un animal torturé, parce qu’elle a carrément saisi son Stabilo afin de faire une petite pancarte - une manif, en plein Parlement! Une «manif de droite», on aurait presque envie de dire, vu le sujet, mais non, juste une petite manif «gauche foie gras» (au lieu de «gauche caviar», puisque que le caviar n’est encore pas). Madame Marra a donc défendu ce qu’elle considère comme une tradition romande - ah bon? - en interpellant l’auteur de la motion par ces mots: «Les Suisses romands n'interviennent pas dans l'«Apfelmus» des Suisses allemands. Cela ne vous dérange-t-il pas d'intervenir dans les traditions culinaires de minorités du pays?» L’Apfelmus, c’est-à-dire la compote de pommes. Chapeau de réussir à comparer le foie gras à une compote de fruits.

Lauréate loin devant les autres avec 47% des votes, Ada Marra a remporté une Invitation à se taire (valable pour deux personnes).

Prix #4 - La remise du trophée du Festival de Carnes:

Le Prix du Festival de Carnes a été décerné:

à la Fête de la saucisse de Genève

Transcription du discours de présentation:

On commence fort avec cet événement dont on se serait bien passé: la Fête de la saucisse qui s’est déroulée à Genève en septembre 2023. Plusieurs animations étaient organisées durant quatre jours, dont une boucherie qui a «ressuscité» une saucisse - JÉSUS! - en suivant une recette d’il y a 25 siècles, pour le Musée d’Art et d’Histoire. Pour sûr, ce ne sont pas les animaux dont on a fourré leurs propres boyaux qu’on a ressuscités. Le lendemain, la remise du Prix de la meilleure saucisse genevoise a récompensé une saucisse à base de chair de poules pondeuses, quelle merveille d’avoir pensé à comment rentabiliser des ouvrières faisandées, puisque leur vie ne vaut plus rien quand leur production d'œufs décroît. Autre festivité, des jeux de foire intitulés «véganes vs carnés» (on dirait une caricature, mais, promis on invente rien), dont un «Cours pour attraper ta saucisse» (#post metoo décomplexé). Des événements bien gratinés donc, mais le point d’orgue, c’est le pitch de présentation du projet: la saucisse est annoncée comme un «véritable marqueur écologique, qui permet de réfléchir à une alimentation durable, pour aujourd’hui et demain.» Passons sur le fait que plusieurs études, dont celle de l’Office allemand de l’environnement par exemple, qui est même citée sur le site de la Migros, montrent que les saucisses végétales économisent jusqu’à la moitié des gaz à effet de serre produits par les saucisses carnées. On sait en tout cas que la durabilité n’est pas celle des cochons, des poulets et des autres animaux tués pour finir en hachis dans un boyau, c’est-à-dire pour rien.

L'événement lauréat a reçu un stock d'autocollants Annulé pour cause d'exploitation des animaux, à utiliser sans modération sur la communication de leur édition 2024, déjà annoncée.

Prix #5 - Regardez les nominations et le lauréat du Prix L'amour est dans le pré:

Le Prix de L'amour est dans le pré a été décerné:

à l’éleveur Olivier Hess à propos du label Porc de prairie de Migros

Transcription du discours de présentation:

Troisième nominé en matière de pépite langagière visant à nous faire croire que le bonheur est dans le pré, l’éleveur lucernois Olivier Hess nous vend du rêve avant de faire tomber le couperet. Pas de happy end pour les 350 porcs de son élevage malgré «une piscine, un terrain de jeux et une prairie» (…) «Vous devriez les voir jouer au football», raconte Olivier Hess en riant. Malheureusement, cette «vie de joie et d’insouciance «va s’arrêter vite et brutalement: «Ici, les porcs d’engraissement vivent environ cent dix jours, puis nous les abattons et les mangeons. En échange, je leur offre une vie dans un hôtel de luxe». Si une version de TripAdvisor pour cochons existait, on pourrait sans doute y lire le commentaire suivant: «Si nous avions su que cet hôtel de luxe abattait et mangeait ses clients, nous aurions passé nos vacances ailleurs». On apprend aussi dans l’article que «Le bien-être des animaux à la ferme ne se fait toutefois pas au détriment de la nature ou de la rentabilité.» Ce qui veut dire qu’on n’est pas encore prêt à perdre de l’argent pour le bien-être d’un animal. À noter encore un dernier coup de baguette magique: le cochon du logo est représenté sous forme végétale, c’est donc sûrement... du porc végane.

Le lauréat a reçu en guise de trophée une bouteille de dissolvant afin de continuer à dissoudre la violence faite aux animaux dans un bain de vocabulaire positif, ainsi qu'un démaquillant pour le jour sans scrupule où montrer l’industrie de l’élevage sans fard devenait un argument commercial.

Prix #6 - La remise du trophée du Carewashing:

Le Prix du Carewashing a été décerné:

à Viande Suisse

Transcription du discours de présentation:

Viande Suisse a réussi en 2023 à repousser une barre déjà haut placée avec cette déclaration: «Aucune douleur, souffrance ou dommage ne doit être infligé à un animal» Pardon, est-ce que j’ai bien lu? On a dû vérifier deux fois l’adresse pour s’assurer qu’on était bien sur le site de Viande suisse, ce label de Proviande, le lobby qui promeut une image positive de la viande suisse. Pour rappel, pour prendre la viande d’un animal il faut d’abord le tuer, ce qui se fait en l’égorgeant et en le laissant se vider de son sang… mais attention, tout ça sans aucune «douleur, souffrance ou dommage»! Oui parce qu’avant de les laisser mourir en se vidant de leur sang on leur fracasse le crâne avec une tige perforante, toujours sans aucune «douleur, souffrance ou dommage» ou alors on les électrocute, toujours sans aucune «douleur, souffrance ou dommage». Respect au label Viande suisse pour ce ««««respect»»»» exemplaire des animaux.

Proviande a reçu en guise de trophée un formulaire de déclaration de cessation d'activités.

Prix hors-catégorie - Le jury a remis un prix exceptionnel à...

Galerie photos de la cérémonie:

Le Prix du jury, une distinction plutôt coup au cœur que coup de cœur, a été remise à Swissgenetics pour la création de la série SPERMI, nous faisant découvrir l'insémination artificielle à travers les émotions et les yeux (!) d'un spermatozoïde de taureau.

Swissgenetics a reçu un bulletin de versement géant, dont le montant - incommensurable, le nombre de ses zéros se déroulant sur plusieurs mètres - est une estimation de ce que le leader de l'insémination artificielle bovine doit en dédommagement à ses victimes.

Nous collectons déjà les pépites pour l'année en cours, retrouvez le formulaire de contributions sur la page du Prix du spécisme 2024.